Dalil MASCHINO, 6e Dan, Shihan
Miguasha, Québec, Canada
Dalil Maschino, Ph.D., enseignant en karatédo (6e dan) et en yoga (certifié E-RYT200, www.yogaalliance), détenteur du Programme national de certification des entraineurs (PNCE, niveau 1 complet et niveau 3 théorie). (Voir : www.karateplusyoga.com).
J’ai débuté le karatédo en 1978 pour renforcer mes aptitudes en auto-défense. Mon sensei, maître Wayne Donivan, était alors responsable du Shorinjiryu Kenkokan pour le Canada. Mes cours avaient lieu à l’université McGill et, en fin de semaine, au dojo Seïdokan (St-Laurent). Rapidement, la pratique et l’étude du karatédo prirent une place importante dans mon quotidien et cela continue aujourd’hui (2025).
La passion du karatédo : l’exemple des maîtres Masayuki Kudaka (Hisataka) et Wayne Donivan
La première raison de mon engagement durable dans le karaté est la personnalité de maître Donivan : sa passion du karatédo, la qualité technique et pédagogique de son enseignement, la richesse de ses camps d’été dans la nature, sa disposition à aider toute personne en difficulté, son intérêt pour l’histoire des arts martiaux et la place qu’il accorde aux valeurs spirituelles m’ont rapidement amené à percevoir le karaté comme une composante de la vie et non comme une simple activité sportive.
Les ateliers donnés par maitre Masayuki Kudaka (Hisataka), lors de ses visites régulières au Canada, stimulèrent mon enthousiasme pour le Shorinjiryu. Sa profonde maitrise en finesse des techniques, des katas et des bunkaïs, des dimensions énergétiques et philosophiques du karatédo furent une source profonde d’inspiration et de motivation. EN 2004, plus d’1/4 de siècle après mes débuts en Shorinjiryu, je me disais en voyant son dynamisme inchangé, lors du 1er camp international de Shorinjiryu et de koshiki tenu à Okinawa, à quel point la passion du karaté conserve la jeunesse.
Aussi, ce fut grand privilège, à la fin des années 80, lorsque ces deux maîtres me confièrent le mandat de rédiger, sous leur direction, le livre Karaté koshiki (Les Éditions de l’homme, Montréal, 1989). Cette année d’échanges intenses fut une grande source d’apprentissage pour moi.
Ma progression initiale doit aussi à mes ainés de l’époque au dojo Seïdokan, tels que sensei Doug Robert, Norman Wener, Manny et Bill Hawthorne, George Manoli et bien d’autres. Leurs entrainements soutenus m’ont aidé à ressentir le sens de l’une des devises (dojo kun) du Shorinjiryu Kenkokan: ‘’améliore la connaissance de toi en découvrant le vrai sens du combat’’.
Enfin, il y a le rôle positif de mes élèves d’hier et d’aujourd’hui. Leur persistance et leur dynamisme à l'entraînement, leur disposition à aider le dojo, m’ont motivé à améliorer régulièrement les volets de mon enseignement. A ce titre, mes années d’enseignant au dojo de l’université McGill (1983-1995) furent précieuses (je nommais ce dojo ‘’Kibukai’’ en 1987, lors du 20e anniversaire de son ouverture par maître Kudaka (Hisataka).
Au fil des ans, j’eu la chance de suivre des stages de plusieurs styles de karaté (Shotokan, en particulier avec maître Hidetaka Nishiyama, Shito-ryu, Goju-ryu, etc.) ainsi que d’autres arts martiaux (jodo, sambo russe, kalaripayat indien, pankat-silat indonésien, arnis philippin). Mes années à Dallas (Texas, 1995-1999) avec les maîtres Ron Van Browning (kung fu san soo) et Carlos Machado (jujitsu brésilien) m’ont permis d’approfondir les techniques de projection, fauchage, luxation, clés d’immobilisation, étranglement ainsi que celles de combat au sol.
Au-delà du dojo
Au cours des années 85-95, le karaté connu certains développements au Québec. Il fallut établir le réseau provincial et canadien des tournois de karaté koshiki. Par ailleurs, la Fédération québécoise de karaté (FQK, aujourd’hui Karaté Québec) entrepris de regrouper toutes les associations provinciales. Le but était d’instaurer un programme de certification des enseignants et des arbitres pour que les dojos et les compétitions répondent aux exigences du règlement ministériel de l’époque sur la sécurité dans les sports.
Maître Donivan me confia alors le mandat d’associer le Shorinjiryu Kenkokan à ces développements. La Fédération de Karaté Koshiki du Québec fut alors établie (j’en fus le président jusqu’en 1994). Cette orientation nous mena aussi à organiser à Montréal les championnats du monde de karaté koshiki (1989). En outre, nous décidâmes de joindre la Fédération québécoise du karaté (FQK) et je siégeais à son conseil d’administration pendant 4 ans (1992-95, dont 2 à titre de vice-président). Je reçus alors le mandat de coordonner les travaux du comité de la FKQ chargé d’élaborer un programme québécois de certification des instructeurs de karaté.
Cette aventure organisationnelle pris fin lorsque je déménageais au Texas ou j’ouvris un dojo (1995-99). Plus tard (2011-12), je collaborais avec les maîtres Wayne Donivan et Michel Laurin pour le projet de Koshiki Panamérica, étant chargé de rédiger sa constitution.
Karaté plus yoga : des disciplines complémentaires
Au milieu des années 2000, je cherchais une activité qui m’aiderait à poursuivre la pratique du karaté pendant longtemps. Cela m’amena à l’étude et la pratique du yoga. Je ressenti rapidement les effets positifs des postures physique (asanas) pour la pratique du karaté grâce à la tonification et l’assouplissement des muscles, des articulations et des tendons.
Puis les techniques de respiration (pranayama) me permirent d’atteindre plus facilement des dispositions psychiques importantes pour la pratique du karaté. Mentionnons la concentration, le retrait des sens, l’apaisement nerveux, l’accès à la ‘’tranquillité intérieure’’, etc. Tout ceci mène à un ‘’vide mental’’ qui élargit l’attention du moment à l’environnement immédiat, aiguise l’intuition et libère la spontanéité des gestes.
Le yoga et le karatédo m’aidèrent à garder la foi dans une issue positive durant les longs mois (ponctués de séances de radiothérapie) précédant la résection d’une tumeur cancéreuse (1998). Aujourd’hui, au dojo Shoten de Miguasha (Gaspésie), j’enseigne le karatédo accompagné de pratiques de yoga qui facilitent le cheminement psychique et spirituel des karatékas.
Celles et ceux qui nous rendent visite pour pratiquer et échanger sont les bienvenus.
ENGLISH:
Dalil Maschino, Ph.D., karate-do instructor (6th dan) and yoga teacher (E-RYT200 certified, www.yogaalliance.org), holds full Level 1 and Level 3 theory certification under the National Coaching Certification Program (NCCP). (See: www.karateplusyoga.com).
I began practicing karate-do in 1978 to improve my self-defense skills. My sensei, Master Wayne Donivan, was then the head of Shorinjiryu Kenkokan in Canada. My classes were held at McGill University and, on weekends, at the Seidokan dojo (in St-Laurent). Very quickly, the practice and study of karate-do became a major part of my daily life — and that continues today (2025).
The first reason for my long-term commitment to karate was the personality of Master Donivan: his passion for karate-do, the technical and pedagogical quality of his teaching, the richness of his summer camps in nature, his willingness to help anyone in difficulty, his interest in martial arts history, and the importance he placed on spiritual values all quickly led me to see karate not as a mere sport, but as a way of life.
The seminars given by Master Masayuki Kudaka (Hisataka) during his regular visits to Canada further fueled my enthusiasm for Shorinjiryu. His deep, refined mastery of techniques, katas and bunkai, as well as the energetic and philosophical dimensions of karate-do, were a profound source of inspiration and motivation.
In 2004 — more than a quarter-century after I began practicing Shorinjiryu — seeing his undiminished energy during the first international Shorinjiryu and Koshiki camp held in Okinawa, I remember thinking how karate passion truly keeps one young.
It was also a great privilege, in the late 1980s, when both of these masters entrusted me with the task of writing, under their direction, the book "Karaté Koshiki" (Les Éditions de l’homme, Montréal, 1989). That year of intense collaboration was a tremendous learning experience for me.
My early progress was also supported by my seniors at the Seidokan dojo, including Sensei Doug Robert, Norman Wener, Manny and Bill Hawthorne, George Manoli, and many others. Their consistent training helped me grasp the meaning of one of the dojo kun of Shorinjiryu Kenkokan:
“Deepen your self-knowledge by discovering the true meaning of combat.”
Finally, I must acknowledge the positive role of my past and current students. Their persistence and dedication to training, their willingness to contribute to the dojo, continually motivated me to improve my teaching methods. In this respect, my years of teaching at McGill University dojo (1983–1995) were invaluable. I named the dojo “Kibukai” in 1987, marking the 20th anniversary of its founding by Master Kudaka (Hisataka).
Over the years, I had the chance to attend seminars from various karate styles (Shotokan, especially with Master Hidetaka Nishiyama, Shito-ryu, Goju-ryu, etc.), as well as other martial arts such as Jodo, Russian Sambo, Indian Kalaripayat, Indonesian Pencak Silat, and Filipino Arnis.
My years in Dallas, Texas (1995–1999) with Masters Ron Van Browning (Kung Fu San Soo) and Carlos Machado (Brazilian Jiu-Jitsu) helped me deepen my knowledge of throwing, sweeping, joint locks, holds, chokes, and ground combat techniques.
Between 1985 and 1995, karate experienced some important developments in Quebec. It became necessary to establish a provincial and national network for Koshiki karate tournaments. Meanwhile, the Fédération québécoise de karaté (FQK) — now Karate Québec — undertook the task of uniting all provincial associations. The goal was to implement a certification program for instructors and referees to ensure that dojos and competitions complied with the government regulations of the time regarding safety in sport.
Master Donivan then entrusted me with the task of linking Shorinjiryu Kenkokan to these developments. The Fédération de Karaté Koshiki du Québec was created, and I served as its president until 1994. This direction also led us to organize the Koshiki Karate World Championships in Montreal (1989). In addition, we decided to affiliate with the FQK, and I served on its Board of Directors for four years (1992–1995), including two years as Vice-President. I was also tasked with coordinating the work of the FKQ’s committee responsible for designing a Quebec instructor certification program in karate.
This organizational phase came to an end when I moved to Texas, where I opened a dojo (1995–1999). Later (2011–2012), I collaborated with Masters Wayne Donivan and Michel Laurin on the Koshiki Panamérica project, where I was responsible for drafting its constitution.
In the mid-2000s, I was looking for an activity that would help me continue practicing karate for many years to come. This led me to the study and practice of yoga. I quickly felt the positive effects of yoga postures (asanas) on my karate, as they helped strengthen and loosen muscles, joints, and tendons.
Then, breathing techniques (pranayama) helped me achieve mental states essential for karate practice: concentration, sensory withdrawal, nervous calm, access to “inner tranquility,” and more. All of this leads to a state of “mental emptiness” that expands moment-to-moment awareness, sharpens intuition, and frees the spontaneity of action.
Yoga and karate-do helped me maintain hope and a positive mindset during the long months (marked by radiation therapy sessions) leading up to the surgical removal of a cancerous tumor (1998).
Today, at the Shoten dojo in Miguasha (Gaspé region), I teach karate-do accompanied by yoga practices that support the mental and spiritual journey of karateka.
All those who visit to practice and exchange are welcome.